Il y a deux ans, je prenais la décision de reprendre ma vie professionnelle en main. Beaucoup m’estimaient “courageuse”, d’autres en silence me jugeaient sans doute “inconsciente”, tandis que moi, je ne me sentais ni l’une ni l’autre. Je n’avais pas plus l’âme d’une conquérante que celle d’une ignare. Car pour dire vrai, j’étais déjà sortie de ma zone de confort en lançant ce premier blog un an plus tôt. Ah cette fameuse zone de confort dont tout le monde parle. Une expression tellement à la mode que feindre l’ignorer s’apparenterait à du mépris intellectuel. Ce que je ne soupçonnais pas en revanche à l’époque, c’est que j’allais vivre l’ascenseur émotionnel de la reconversion professionnelle.
La reconversion professionnelle : un choix ou une nécessité
Contrairement à ce que laisse entendre l’imaginaire collectif, la reconversion professionnelle n’est pas toujours un choix au sens strict du terme. Je tiens à le préciser, car j’ai côtoyé durant ma formation des personnes qui se seraient bien passées d’une telle démarche. Les motifs de reconversion sont nombreux : licenciements, reclassements, inaptitudes, burn out, mobilités géographiques, suivis de conjoints, etc. Et puis il y a LE CHOIX, le mien en l’occurrence.
J’ai passé douze ans au sein d’une petite structure où les changements survenus ne m’ont jamais élevée. Les premières années ont eu leur lot de saveurs, les suivantes m’ont dépossédée de toute stimulation intellectuelle tout en me nourrissant d’ennui chronique. Je flétrissais telle une plante que l’on a cessée d’arroser. Ô naturellement, j’y ai trouvé mon intérêt durant ma grossesse et les premiers mois de mon nouveau statut de primipare. Une sorte de commodité à l’image des toilettes dans le TGV…
Ma reconversion professionnelle n’a donc pas été un coup de tête. C’est au contraire le fruit d’une longue réflexion. Outre le peu d’intérêt de mon ancien métier, j’ai été confrontée, et je n’ai pas honte de le dire puisqu’il n’était pas de mon fait, au bore out. Peu de temps heureusement, mais c’est de là qu’est né ce premier blog. Parce que quitte à avoir du temps libre, j’ai choisi de l’employer astucieusement en m’enrichissant de nouvelles compétences.
L’objet de cet article étant de partager avec vous l’un des pendants de la reconversion professionnelle, à savoir l’ascenseur émotionnel, je prends le parti de ne pas vous narrer encore une fois mon parcours. Mais pour ceux que cela intéresse, je vous invite à lire ou à redécouvrir ce billet enthousiasmant et ce levé de voile qui devraient satisfaire votre curiosité.
Si la quantité de travail à fournir et l’investissement requis sont connus, l’ascenseur émotionnel de la reconversion professionnelle est un pan souvent ignoré. Ce sentiment si particulier, cette vague qui vous fait passer du rire aux larmes, de l’euphorie aux doutes, des cimes aux profondeurs, je l’ai rapidement appréhendé.
– De mémoire, mes premières sueurs froides ont débuté en découvrant les conditions d’inscriptions de l’école. Alors que je me réjouissais d’embrasser une nouvelle carrière, le questionnement m’est tombé dessus tel un couperet. Et si j’échouais avant même de commencer ? Kaput, finish, adios la reconversion. Il m’a fallu prendre du recul pour analyser ma candidature de manière objective et reprendre confiance. Car oui, mon dossier tenait la route et pourtant le doute s’était insinué.
– Puis il y a eu la demande d’autorisation d’absence auprès de mon employeur. Alors que j’avais envisagé les deux scénarios possibles (acceptation ou report de quelques mois), je m’étais surtout préparée au pire. Armée telle une Ninja le jour J, j’ai rangé mon arsenal en moins de temps qu’il ne faut pour dire ouf après que mon employeur ait accepté ma requête. Se réjouir de bonnes nouvelles, c’est aussi ça l’ascenseur émotionnel de la reconversion professionnelle.
– L’une des montagnes russes les plus longues que j’ai vécue a été ma demande de financement de formation. Quatre mois d’attente, quatre longs mois durant lesquels les doutes et les certitudes n’ont cessé de faire la pluie et le beau temps dans ma tête. Sans ce financement, mon projet s’écroulait. Vous n’imaginez pas l’euphorie qui s’est emparée de moi lorsque j’ai appris la nouvelle heureuse. Dans l’excitation, j’en ai fait tomber mon téléphone sur le bitume. Vitre brisée, mais je m’en fichais tellement : j’allais commencer ma formation !
– J’ai connu l’enthousiasme et la sérénité des débuts. J’étais si heureuse de reprendre le chemin de l’école que j’affichais un sourire béant dans le métro qui m’y emmenait. Là où le petit nuage a commencé à prendre l’eau, c’est lorsque j’ai pris conscience du travail dantesque qui m’attendait. Sentir la goutte couler le long de ma tempe n’a pas été du plus agréable. Ce n’est pas le travail en tant que tel qui m’effrayait, mais la crainte que ma Louloutte soit la sacrifiée du parcours. Un sentiment culpabilisant difficile à vivre en tant que maman.
– Bouffer de la formation de jour comme de nuit, j’ai connu. Je mangeais formation, je parlais formation, je lisais formation, je rêvais formation. S’endormir avec le cerveau en ébullition, check. Se réveiller à 2h du mat’ et rêver des cours, check aussi. Se lever le matin, épuisée avec le sentiment de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit, check évidemment. Ma qualité de sommeil s’est fortement dégradée les premières semaines et c’est sans doute ce qui m’a le plus marqué.
Les montagnes russes de la reconversion professionnelle
Naturellement, vivre autant d’émotions en si peu de temps a son lot de conséquences, mais aussi ses bienfaits. Des effets à long terme pour ma part…
– La prise de poids. J’évoquais précédemment l’impact sur le sommeil, mais la répercussion la plus notoire de cet ascenseur émotionnel a été pour moi la prise de poids. À force de se faire du bien, d’apaiser son stress à grand renfort de bonbecks, le résultat sur les hanches a été inéluctable. Dire que je me suis lâchée est un euphémisme. Si je suis parvenue à me contenir en début de parcours, je suis littéralement partie en roue libre pendant mon stage.
– Les belles rencontres. C’est dans la difficulté que l’on mesure la qualité des gens qui nous entourent. J’ai eu la chance de compter sur une solide team. Même si je me suis également bien entendue avec d’autres personnes de ma promo, mon socle répond à trois prénoms : Béné, Benji et Fred. Nous nous sommes entraidés et soutenus comme jamais durant toute notre formation. Aujourd’hui encore, pas un jour ne passe sans que l’on se donne des news (l’appli Whats’App est notre meilleure amie).
Ma joyeuse team à la sortie de notre examen final.
Mes conseils
De ma propre expérience, mais aussi de ce que j’ai pu observer au travers du parcours de mes camarades de promo, je me permets de vous donner ces quelques conseils pour réussir un changement de carrière.
1– Mûrissez votre projet avant de vous lancer. On n’entre pas dans un processus de reconversion professionnelle comme on entre dans une église. J’ai vu des déconvenues pointer le bout de leur nez au bout de trois semaines de formation. Invraisemblable, mais véridique, et un beau gâchis.
2– Entourez-vous de personnes positives. Beaucoup de gens rêvent de changer de vie, mais peu en ont le courage. Préparez-vous à ce que votre démarche suscite du scepticisme sur fond de jalousie (inavouée naturellement). Si votre entourage ne se pose pas en réel soutien, faites-en sorte qu’il ne soit pas au moins toxique. Si tel est le cas, je vous suggère d’exposer succinctement votre projet et de le mener à bien dans l’ombre.
3– Sachez mettre votre vie en parenthèse. Qu’il s’agisse de formation, de reprise d’études ou de préparation aux concours, toutes ces remises en question exigent beaucoup d’investissement et d’abnégation. Il faut donc être prêt à concevoir certains sacrifices durant cette période. En ce qui me concerne, c’est ma vie sociale qui a pris cher durant les premiers mois, mais c’est un choix assumé que je m’emploie à compenser aujourd’hui.
4– Ayez du flair et choisissez vos camarades avec soin. Comme je vous disais dans le premier point, les groupes peuvent être assez hétérogènes avec tout ce que cela implique. J’ai eu l’immense chance de rencontrer de super personnes avec qui j’ai partagé cette expérience unique. Mon conseil : ne vous acoquinez pas avec des étudiants défaillants. Laissez de côté les sceptiques, les pessimistes, les critiqueurs, les geignards, les fainéants, bref les nuisibles qui vous tireront vers le bas.
5– Pensez long terme. Telle une stratégie marketing, il y a d’un côté l’objectif final et de l’autre toutes les étapes à franchir pour y parvenir. Aucune d’entre elles n’est à prendre à la légère, car elle s’avérera peut-être déterminante sur le finish. En dépit des montagnes russes que vous traversez, gardez toujours en ligne de mire votre objectif et rappelez-vous ce qui vous a amené vers cette réorientation professionnelle.
6– Faites-vous confiance et ayez foi en votre projet. Pas d’explication, juste une citation de Martin Luther King : “Croyez en vos rêves, ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous, ils se réaliseront sûrement”.